
Le ton est distant. Le minibus reprend le chemin de Paradise Bungalow. Les effets du haschich se dissipent. L’angoisse m’envahit. L’aventure est-elle terminée? La réserve d’Alison n’est ni une affectation ni une manoeuvre. Son corps rassasié, elle a sans doute envie de retrouver sa solitude de voyageuse.
Je garde le silence pendant la traversée des plantations. Le soleil déclinant clignote derrière les palmiers. Ce paysage inconnu il y a vingt-quatre heures me paraît familier.
Avec une simplicité qui me noue la gorge, Alison glisse sa main dans la mienne. J’ouvre l’étoile de chair, regarde les doigts carrés ornés de bagues indiennes, les ongles rongés, la paume pâle et moite. Cette fille m’émeut par les gestes les plus banals.