Le régime fédératif canadien répond-il aujourd’hui au désir de la nation québécoise d’assurer la survie et l’épanouissement de son identité culturelle distincte ? Après avoir dessiné les contours du concept de nation et déifni les caractéristiques juridiques essentielles d’une fédération, Eugénie Brouillet étudie, dans une perspective historique et politique, le régime fédératif canadien eu égard aux aspirations identitaires de la nation québécoise.
L’analyse de l’esprit et de la lettre du régime fédératif originaire révèle que ce dernier respectait l’essence des préoccupations de la nation québécoise de l’époque. L’évolution de ce régime, d’abord réalisée par des décisions judiciaires dans un souci d’équilibre entre les pouvoirs législatifs provinciaux et fédéraux, s’est ensuite résolument engagée sur la voie de la centralisation. En 1982, l’enchâssement d’une charte des droits et libertés de la personne dans la Constitution canadienne a écarté le pluralisme national qui justifiait l’adoption d’un régime fédératif au Canada et dont la reconnaissance constituait la condition essentielle à la participation du Québec au pacte de 1867.
Devant cet état de fait, la nation québécoise aura un choix vital à faire : continuer de rêver à un profond renouvellement du fédéralisme canadien malgré les forces centralisatrices qui y sont à l’oeuvre, ou reprendre les rênes de son destin, à l’issue d’une décision démocratique, en assumant les pleins pouvoirs d’un État souverain.