Je vais écrire ce livre auquel j’ai pensé souvent.
Je continuerai peut-être à figer la vie des autres sur quelque pellicule, mais avant tout, j’écrirai, pour aller plus loin que l’image, plus profond dans la réflexion, pour échapper définitivement à ce portrait de moi que je n’aime pas toujours.
Il fait lourd sur Paris. J’ai tiré les volets de ce bureau où je m’enferme de temps en temps.
J’ai devant moi une photo de Vanessa sortant de la mer au cap d’Antibes. Elle est belle dans un maillot noir. Elle rit, elle est heureuse. Je la regarde, je la découvre comme si je ne l’avait jamais vue auparavant. Jamais plus je ne vivrai ces instants que je ne peux partager qu’avec elle…Autres endroits, autres femmes que je croiserai, qui me marqueront à leur manière, d’une façon superficielle ou profonde.
Sous la photo, l’ébauche de cette lettre que je voulais lui envoyer bien avant qu’elle s’en aille. Elle aurait pu y lire:
«Tu auras été tout pour moi. Tu ne l’auras su qu’à la fin, au moment où l’histoire entre dans le passé pour peu à peu s’y perdre avant de disparaître.»