
Combien y a-t-il de villes que nous ne verrons jamais ? Ne sont-elles pas les plus intrigantes, les plus ensorcelantes ? Comment nous empêcher de rêver quand nous entendons les noms de Pozna?, de Frantsevo, de Baton-Rouge ? Et surtout celui de Samarcande, qui poudroie comme un mirage doré flottant au-dessus de l’horizon ?
Chacune de ces nouvelles a pour cadre une ville imaginée. Taganrog, par exemple, en Russie, à la frontière de l’Ukraine. Taganrog : parce que c’est la ville où est né Anton Tchekhov. Chacune nous amène dans un lieu vierge de nos pas, chacune est un petit roman, qui se donne le temps de conjurer un monde, de faire naître et mourir des personnages qui continueront obstinément à nous habiter une fois le livre refermé.
Musiciens, acteurs, épouses, maris, fils ou filles, amants, amantes vivent grâce à une écriture qui sait respirer avec eux. Peut-être cela suffira-t-il pour nous consoler de ne pas avoir nous-mêmes arpenté ces villes que seuls les sortilèges de la fiction font exister à nos yeux ? Pour nous consoler que notre vie soit traversée souvent de ces sortes de regrets qui nous amènent à réfléchir à tout ce que nous n’accomplissons pas en ce bas monde, avant la mort