La littérature fait son miel de l’amour, sans jamais épuiser le sujet. María Rosa Lojo définit l’amour comme une «manufacture de paradoxes», des vases communicants où coïncident «extase et malheur, violence et paix, fugacité et permanence». Ainsi, au pays de Borges, l’amour au temps du métissage colonial fragilise les frontières géographiques et culturelles. Des liens inhabituels se tissent : entre un mercenaire bavarois et une danseuse tatouée de la cour des Xarayes, un lord anglais et une princesse créole sans couronne, un lieutenant de l’armée et une chrétienne captive d’un chef aborigène, ou encore entre un dandy argentin et un comte français, modèles de Charlus et Jupien dans l’œuvre de Proust. Plus la disparité est forte, plus les amants défient les us et coutumes, plus leur amour devient insolite et unique.