Le 22 juin 1666
Je suis restée sur le pont à regarder les côtes de France disparaître au loin. Catherine est restée en bas, dans l’entrepont, comme dit le capitaine. Moi, je voulais regarder. Je ne reverrai peut-être jamais plus la France.
J’ai pleuré. Mais comme mes joues étaient mouillées d’embruns, je crois que personne ne s’en est aperçu. Et puis, peu importe. Tout ce que je voulais, c’était de rester seule et de graver dans ma mémoire l’image de la France que je quittais. Puis j’ai entendu un bruit. C’était la petite Indienne. Elle était montée sur le pont et se tenait maintenant appuyée au bastingage, juste à côté de moi. Ses joues ruisselaient de larmes, comme les miennes. Mais pas pour les mêmes raisons. Mes larmes étaient des larmes de tristesse, née du chagrin que j’éprouvais à quitter la France. Les siennes étaient des larmes de joie.
«Je rentre chez moi», a-t-elle dit.