Du fond de la salle, j’ai aperçu Dédé qui glissait dans l’allée principale comme un joueur de curling. Au bout de sa glissade, il remontait l’allée en courant, puis il la redescendait sur les genoux en criant : ON A SIGNÉ ! ON A SIGNÉ ! Il était beau comme Jean-Louis Barrault dans Les enfants du Paradis. Il était survolté. Toute la salle était branchée sur lui. Il générait une telle énergie qu’il aurait pu ramener la moitié des filles chez lui et enrôler la moitié des gars dans son armée personnelle s’il avait voulu…
DÉDÉ, c’était André Fortin, le leader des Colocs. Il s’est fait hara-kiri le 8 mai de l’an 2000, à l’âge de 38 ans. Je viens de refaire notre chemin à l’envers. Je l’y ai retrouvé tel qu’il était : intègre, peureux, désespéré, indomptable et magnifique. Ça m’a fait du bien.
Son suicide, comme la plupart des suicides, aurait pu être évité. Ce livre est un hymne à la vie. C’est l’histoire d’un gagnant qui se prenait pour un perdant, l’histoire d’un p’tit bonhomme qui avait le monde à ses pieds, mais qui préférait la «vie d’oiseau».