Bien des jeunes d’aujourd’hui l’ignorent, mais les années 1940-1960 au Québec étaient faites de petits catéchismes offrant une vision de l’enfer on ne peut plus cauchemardesque, de péché véniels et mortels bien classés, de prédicateurs et de confesseurs qui réglementaient le plaisir sexuel des époux. Le french kiss était péché mortel. Il fallait une permission pour lire Balzac. Le plaisir était un mot explosif.
Le démon guettait sans cesse.
L’ouverture d’esprit qui anime aujourd’hui le peuple québécois a donc été précédée de combats psychosociaux, de grands bouleversements dans les mentalités, de gestes courageux. Les Visages de l’intolérance d’André Lussier offrent un rappel troublant de cette poussée collective qui a permis de libérer les consciences, fondement de cette révolution qu’on qualifie encore de tranquille.
Sa version des événements qu’il a connus, subis et observés rassurera tous ceux et celles qui, souvent en refusant de se soumettre, ont combattu pour atteindre une condition de plus en plus dignement humaine.